Grande Région

L’industrie frontalière se dit prête à coopérer pour aborder la transition énergétique

Lors de la première rencontre du Réseau de coopération industrielle environnementale et sociale (Recies), organisée à Metz ce vendredi 23 mai, de grands acteurs de l’acier, de l’automobile et de l’énergie ont manifesté l’intention de coopérer à l’échelle de la Grande Région pour mutualiser certaines avancées technologiques et environnementales.

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© André Faber.

Berceau d’industries particulièrement énergivores, tributaire d’une stratégie européenne peu lisible et fragmentée dans des cadres institutionnels différents, la Grande Région peut-elle miser sur la coopération transfrontalière pour préserver sa compétitivité tout en s’adaptant à la transition environnementale ? Ce vendredi 23 mai, la première rencontre du Réseau de coopération industrielle environnementale et sociale (Recies) s’est penchée sur la question  à l’échelle grand-régionale.

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Valérie Debord, présidente du C2IME.© C2IME.

« Si on ne réagit pas, on va mourir !  Il ne s’agit pas de nier la concurrence, mais de prendre conscience de la nécessité d’un sursaut. Face aux défis communs, la solution ne peut être que commune. Nous devons penser au-delà des frontières administratives pour construire l’avenir industriel de nos territoires »,  affirme Valérie Debord, présidente du C2IME et vice-présidente du conseil régional du Grand Est.

 

Pérenniser les échanges

Basé à Metz, le Commissariat d’investissement à l’innovation et à la mobilisation économique (C2IME ) a initié dès 2022 un Euro-accélérateur transfrontalier qui a déjà soutenu une soixantaine de projets industriels. Lancé deux ans plus tard, le projet Interreg Recies, piloté par le C2IME, regroupe douze partenaires émanant de Lorraine, du Luxembourg, de Wallonie, de Sarre et de Rhénanie-Palatinat pour amplifier cette dynamique.

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Joël Berger, chef de file de l'Euro-Accélérateur. DR

« S’appuyant sur quatre Etats, Recies constitue à ce jour le seul projet Interreg dont l’objectif principal est le partenariat. A l’issue du projet, espérons que le réseau parviendra à se structurer de manière pérenne sous forme de groupement d’intérêt européen », souligne Joël Berger, chef de file de l'Euro-Accélérateur. 

Hydrogène virtuel…

Implantée à Pontpierre, en Moselle, la Française de l’énergie, qui se proposait voici trois ans d’exploiter les réserves de gaz de l’ancien bassin houiller, compte expérimenter dès 2026 l’injection, dans sa galerie de Folschviller, de plusieurs milliers de tonnes de CO2 stockées sous forme liquide apportées par camions depuis ses installations des Hauts-de-France. L’entreprise mise sur une potentielle minéralisation du CO2 au contact des aquifères salins pour se positionner sur le marché encore balbutiant du stockage de CO2. Elle réitère par ailleurs l’hypothèse d’un réservoir « natif » d’hydrogène blanc dans le sous-sol lorrain – dont le volume et l’accessibilité ne sont pas encore avérés.

… et avancées concrètes

Pour l’heure, la Grande Région se prépare à la mise en service, d’ici à 2029, du plus gros projet d’hydrogène d’Europe. Le sidérurgiste sarrois finalise ses réponses à l’appel d’offres qui lui permettra de s’approvisionner auprès des producteurs d’hydrogène répartis au long de la boucle transfrontalière MosaHyc. Mais l’essor de cette nouvelle énergie reste contrarié par son coût.

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Bettina Hübschen, directrice générale de H2 Saar. © H2 Saar.

« L’hydrogène ne répondra pas à tous les problèmes de la décarbonation, mais elle y contribuera, notamment en permettant d’utiliser les pics de production des énergies renouvelables pour fabriquer de l’hydrogène », souligne Bettina Hübschen, directrice générale de l’agence sarroise de l’hydrogène H2 Saar.

En Wallonie, le pôle Mecatech, initialement spécialisée dans la mécanique, s’est diversifié dans l’hydrogène tant pour informer ses 290 membres que pour accompagner le projet  PoNiExpRes, qui associe l’industriel John Cockerill et le laboratoire PEPS de l’ULiège pour développer un nouveau type d’électrode. Sur la plateforme mosellane de Carling, que Total Energie a progressivement convertie de la chimie de base à la chimie verte, GazelEnergie a investi 70 millions d’euros dans des parcs de stockage qui sécuriseront l’approvisionnement électrique des industriels.

Pérenniser la coopération

« La Grande Région comporte de très nombreux exemples de bonnes pratiques d’adaptation au changement climatique, mais on n’en parle pas assez. Pour devenir une vitrine de la transformation industrielle, elle a besoin d’un d’un comité transfrontalier public  qui serait à la fois un lieu d’échange, de partage et d’action », estime Nathalie Vaxelaire, general manager de Trane (Vosges) et présidente de l’Union des industries métallurgiques et minières (UIMM) de Lorraine).

Venu en simple citoyen (« pour l’instant »), l’ancien commissaire européen à l’emploi et aux droits sociaux Nicolas Schmit considère, quant à lui, que la Grande Région, plutôt bien lotie en matière d’universités et de grandes écoles, aura les moyens de préserver son patrimoine industriel si elle sait tirer les enseignements pas toujours heureux. 

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Nicolas Schmit, ancien commissaire européen.© Commission européenne.

« Sur le terrain, les politiques ne seront pas mises en œuvre par Bruxelles, mais par les régions. Il est temps d’entrer en en phase opérationnelle », estime l’ancien ministre du Travail et de l’emploi luxembourgeois.

L’émergence, dans un bassin transfrontalier riche de synergies avérées et potentielles, d’une première structure pérenne dédiée aux coopérations industrielles, constituerait à la fois une innovation et un progrès notable.

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