La relation franco-luxembourgeoise s'invite au Village des frontaliers de Metz
En ouverture du Village des frontaliers réunis samedi matin à la mairie de Metz, le nouveau préfet de Moselle a annoncé la tenue de la prochaine Conférence intergouvernementale franco-luxembourgeoise en septembre. L'information a donné du relief à ce rendez-vous désormais régulier entre les partenaires de la Maison du Luxembourg projetée en gare de Metz.

Organisée ce samedi 21 juin à l'Hôtel de Ville de Metz, la quatrième édition du Village des frontaliers s'est ouverte par un scoop : nouveau préfet de Moselle, Pascal Bolot, a annoncé la tenue, en septembre prochain, de la Conférence intergouvernementale (CIG) franco-luxembourgeoise, qui ne s'était plus réunie depuis avril 2023. Maire de Metz et président de l'Eurométropole, François Grosdidier voit dans cette rencontre très attendue l'occasion de clarifier la position de l'Etat français sur le Contrat de plan Etat-Région (CPER) en cours.

François Grosdidier, président de l'Eurométropole de Metz. © Pascale Braun.
« Notre délégation interviendra sur le sujet des protocoles de transport. Les investissements concrets progressent beaucoup moins vite que le nombre de travailleurs pendulaires », signale François Grosdidier.
Cofinancé par la France et le Luxembourg, l'investissement de 460 millions d'euros promis en 2018 pour fluidifier la mobilité transfrontalière sur la période 2021-2027 n'est pour l'heure consommée qu'à 25 %. Ce retard engendre cinq ans de décalage dans les travaux. Il rend caduc l'objectif d'un achèvement en 2030 et risque d'amputer les ambitions de la prochaine programmation.
Lieux et moments communs
Lors de la prochaine CIG, la délégation de l'Eurométropole de Metz plaidera également pour une meilleure coopération en matière de petite enfance. « La garde des enfants des frontaliers dans notre métropole coûterait moins cher au Luxembourg tout en rendant service aux frontaliers. Volontariste en matière de financement, le Grand-Duché se montre beaucoup plus réticent lorsqu'il s'agit de s'engager sur les dépenses de fonctionnement », observe l’élu messin.
La question du financement des infrastructures et des services se posera également à moyen terme pour la prise en charge de la dépendance des travailleurs frontaliers. Déjà difficile à résoudre à l'échelle d'une région, l'adéquation entre l'offre de formation et les besoins des entreprises s'avère encore plus difficile dans un bassin d'emploi transfrontalier. « Nous avons besoin d'une structure de coordination, de lieux et de moments communs pour mettre en place une stratégie, définir des projets puis mettre en place des financements », estime François Grosdidier.
Réunissant dans un même salon la majeure partie des partenaires réguliers de la Maison du Luxembourg projetée en gare de Metz, le Village des frontaliers a connu une fréquentation intermittente. Dans ses allées éphémères, associations et administrations publiques sont venues présenter leurs services ou de faire passer un message.
L’OGBL mobilise
Représenté à la Maison du Luxembourg par ses trois sections frontales, l'OGBL est venu mobiliser les travailleurs pendulaires à l'approche de la manifestation du 28 juin prochain. Le premier syndicat luxembourgeois entend dénoncer la politique du gouvernement chrétien-social de Luc Frieden. Ses revendications porteront sur les pensions, les salaires, le temps de travail et le pouvoir d'achat.

Jean-Marie Drobisz, président de la section de l'OGBL Frontaliers Metz-Thionville.© Pascale Braun.
« Nous préparons une riposte à la hauteur des attaques en cours. L'ouverture des commerces dès 5 h du matin et jusqu'à 22 h poserait aux frontaliers de gros problèmes de garde d'enfants et de transport. Et surtout, la volonté du gouvernement de se passer des corps intermédiaires, notamment dans la négociation des nouvelles conventions collectives, nous apparaît comme un affront suprême », prévient Jean-Marie Drobisz, président de la section de l'OGBL Frontaliers Metz-Thionville.
Présidente de l'OGBL, Nora Back mobilise les militants des sections de Metz-Thionville, Volmerange et Audun-le-Tiche pour aller à la rencontre des travailleurs frontaliers afin de mieux cerner leurs conditions de vie.
L'hydrogène en tournée
Au stand de l'Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (Afpa), la direction régionale Afpa Grand Est présente, outre ses offres de formation, les avancées du projet européen Green SkHy, qu'elle pilote depuis 2024. Cofinancé par les fonds Interreg Nord Ouest Europe, il se consacre au développement des compétences transfrontalières en matière d'hydrogène.

Ariane Poissenot, chargée de mission à l'Afpa Grand Est. © Pascale Braun.
« Une cohorte de 15 formateurs est désormais formée. Emanant des six pays représentés à Green SkHy , elle interviendra auprès des entreprises partenaires dès la rentrée », annonce Ariane Poissenot, chargée de mission Projets européens à l'Afpa Grand Est.
Surprises fiscales
Les allées du petit village font ressortir la diversité et la complexité du quotidien des frontaliers. Des primes de naissance aux possibilités de bourses, en passant par les offres de la SNCF et les itinéraires cyclables au Luxembourg, les visiteurs ont découvert des arcanes administratifs parfois méconnus.
Le Trésor public s'attend à de nombreuses sollicitations cet été, lorsque les frontaliers présentent leur avis d'imposition. La convention fiscale franco-luxembourgeoise, signée le 20 mars 2018 pour éviter la double imposition, entre en vigueur cette année. Elle met fin à quatre décennies de « parenthèse enchantée » durant laquelle les couples français dont un époux travaille au Luxembourg n'ont pu déclarer au fisc français que leur revenu luxembourgeois après impôts.
Une maison très habitée
Créée en 2021 et ouverte en gare de Metz deux ans plus tard en présence du couple grand-ducal, la Maison du Luxembourg renseigne le public, essentiellement sur la fiscalité, les prestations sociales et les questions familiales. Elle organise également des après-midis thématiques et participe à des événements publics pour faire connaître son action.

Anne Dussan-Weizman, adjointe au maire de Metz. DR
« Le Village des frontaliers réunit des partenaires qui interviennent régulièrement à la Maison du Luxembourg. Elle fonctionne comme un couteau suisse et permet de partager les compétences d'experts sur des sujets différents », indique Anne Dussan-Weizman, adjointe à l'Attractivité, au commerce et aux partenariats internationaux à la mairie de Metz.
De onze membres au départ, les partenaires de la Maison du Luxembourg constituent aujourd'hui un réseau de 27 membres dont trois nouveaux venus, la Chambre des salariés du Luxembourg, la Ville de Dudelange et la section Villerupt-Audun-le-Tiche de l'OGBL. La Maison organise des rencontres thématiques entre institutions. Celle de ce lundi 22 juin sera consacrée à la coopération sanitaire.
© Pascale Braun.