Grande Région - Rhin supérieur

Ryanair en croisade contre les taxes nationales

Première compagnie aérienne d’Europe, Ryanairplace ses pions en fonction de l’évolution des taxes nationales. Sarrebruck, moins cher pour la compagnie, accueille des nouvelles connections, tandis que Strasbourg, où la taxe sur les billets d’avions augmente, voit ses deux destinations barrées.

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© André Faber.

Première compagnie aérienne d’Europe avec plus de 230 destinations, Ryanair a les moyens de décider de ses implantations en fonction des taxations nationales. Ses dernières réflexions la conduisent à fuir les petits aéroports français et les grands aéroports allemands. Le mercato s’opère également dans la Grande Région et le Rhin supérieur, qui compte de nombreux aéroports : Strasbourg, Sarrebruck, Baden-Baden, Luxembourg, Charleroi, Bâle-Mulhouse. 

Ryanair s’installe en Sarre

La compagnie aérienne low-cost va s’implanter à Sarrebruck dès mars 2026. Trois nouvelles destinations directes ont été annoncées vers l’Italie et l’Espagne : Trapani en Sicile, Lamezia Terme en Calabre et Alicante sur la Costa Blanca. La compagnie irlandaise sera la première à vendre individuellement des billets à Sarrebruck, le restant de l’offre étant commercialisé par des tours-opérateurs.

« Le lancement des liaisons Ryanair à l'aéroport de Sarrebruck augmente nettement l'attractivité estivale pour un public cible jeune. Les trois destinations de vacances - qui impliquaient jusqu'à présent un trajet plus long vers Francfort ou d'autres aéroports  - peuvent désormais être atteintes confortablement depuis Sarrebruck », avait déclaré la ministre sarroise des Transports, Petra Berg, dans la continuité de l’annonce en septembre

L’Allemagne jugée trop chère

Sarrebruck n’a pas été choisi au hasard. Le 24 septembre, Ryanair a assorti l’annonce de son implantation en Sarre d’un commentaire au vitriol à l’encontre du gouvernement allemand : « Le refus du gouvernement fédéral allemand de réduire les coûts d'accès élevés (malgré l'engagement pris dans l'accord de coalition) a fait de l'Allemagne l'un des marchés aériens les moins compétitifs et les plus chers d'Europe, avec seulement 86 % de reprise du trafic aérien après le covid », y est-il écrit. 

Ces coûts d’accès comprennent les taxes d’État, les redevances aéroportuaires et les coûts de navigation aérienne, plus élevés dans les aéroports majeurs nationaux que dans les infrastructures régionales. En 2024, l’ADV (Groupe de travail des aéroports allemands) a estimé qu’un même Airbus A320 était taxé 2,7 fois plus au départ de Berlin qu’au départ de la moyenne des grands aéroports voisins en Europe. En Allemagne, les petites structures, telles que Sarrebruck, peuvent alléger les coûts d’accès grâce à des subventions locales, dans l’espoir d’attirer les compagnies aériennes. Le 15 octobre, Ryanair annonce par communiqué la suppression de 800.000 sièges depuis une dizaine de grands aéroports allemands. 

« Grâce à notre croissance dans les aéroports régionaux aux coûts compétitifs, tels que Sarrebruck, nous pouvons éviter les coûts d'accès extrêmement élevés des grands aéroports allemands. Cela nous permet de maintenir des prix bas et d'offrir plus de choix à nos passagers », explique Marcel Pouchain Meyer, directeur de la communication germanophone à Ryanair. 

Ryanair part, Volotea récupère

Le 30 juillet, Ryanair a annoncé son retrait de trois aéroports régionaux français : Bergerac, Brive et Strasbourg, soit la suppression de 13 % de sa capacité de vol en France. Du côté alsacien, le groupe abandonne les deux lignes vers Porto et Agadir - seulement instaurées en 2022. Elles seront aussitôt reprises par Volotea. Le concurrent low-cost espagnol détient désormais deux tiers des vols depuis Strasbourg-Entzheim. 

Ryanair met en cause la hausse de la taxe sur les billets d’avion (tsba). Adoptée en même temps que le budget de l'État en février 2025, la tsba passe de 2,63 euros à 7,30 euros pour tout billet français en classe économique vers l’Europe. Cela représente presque un triplement sur des coûts fixes, dramatique pour les modèles économiques des compagnies low-cost. « Il y aura des villes qu’on desservira moins ou plus » en France, annonce également Bertrand Godinot, directeur général d'Easyjet France, au micro de France Inter, ce 17 octobre. 

La Belgique fustigée

Ryanair fait aussi du grabuge en Belgique. En juillet, le gouvernement fédéral de Bart de Wever (N-VA) a adopté l’augmentation de la taxe d’embarquement dans un avion. Celle-ci, qui variait entre 2 et 4 euros sur les trajets de 500 km, passe désormais à 5 euros. 

Fin août, le patron Michael O’Leary s’est rendu en personne à Bruxelles pour fustiger la taxation nationale : « Supprimez cette taxe, répercutez ces économies sur les consommateurs et les visiteurs qui viennent en Belgique et nous renouerons avec la croissance ici en Belgique. Ce n’est pas une menace, c’est une incitation »

Cette année, Ryanair frôlera les 9,8 millions de voyageurs et aura opéré 79% des vols à Charleroi, contre 1,2 million de passagers à Bruxelles-Zaventem, moins axé sur le low-cost.

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