Deux indépendants lorrains veulent rayonner aux frontières

Dépourvu de ressources énergétiques propres, le Luxembourg encourage généreusement l’essor du photovoltaïque. Es les années 2000, le pays fit figure de pionner européen de la production et du partage de l’énergie solaire grâce au modèle déployé à Beckerich par Camille Gira, feu le secrétaire d’Etat au Développement durable.

Le pays subventionne la pose de panneaux photovoltaïque, à hauteur de 20 % pour les installations vouées à la revente intégrale de l’électricité  et de  65,2% pour des panneaux dont la production sera consommée in situ, le solde pouvant être réinjecté sur le réseau.

Très incitative, cette mesure, qui restera en vigueur jusqu’au 30 juin prochain, est cumulable avec les aides communales, qui peuvent atteindre 30 % de l’installation. Dans le cas de figure le plus favorable, les particuliers voient leur participation ramenée à moins de 8 % du coût de l’équipement.

Les entreprises ont également bénéficié d’aides conséquences, avec des subventions atteignant jusqu’à 50 % du coût d’une centrale photovoltaïque.

Cette opportunité pas échappé à des acteurs lorrains déjà présents au Luxembourg. Implanté dans la périphérie de Nancy, M-Energies pratique depuis 15 ans une politique de croissance externe ininterrompue. Le groupe fondé par Dominique Massonneau réalisait en 2023 un chiffre d’affaires de 85 millions d’euros grâce 25 agences implantées majoritairement implantées dans le Grand Est. Sa reprise, en mai dernier, du francilien Applitech, spécialisé dans les  installations de génie climatique et électrique pour les grands comptes, porte son effectif à 900 salariés.

L’acquisition, en juillet 2022, de l’entreprise  Bauer, implantée depuis 30 ans au Luxembourg, s’inscrit dans cette logique. Cette entreprise d’électricité située à

Remich s’est détournée des réparations d’électroménager et de l’installation d’alarmes pour se réorienter vers la pose de panneaux photovoltaïques, qui représente aujourd’hui 80 % de son activité. 

« Le marché a littéralement explosé entre 2022, où nous avons posé 50 installations, et 2023, où nous en avons réalisé 200. Notre carnet de commandes est plein jusqu’en avril 2025 et nous parviendrons sans doute à 250 installations cette année », annonce Carlos Sampaio, dirigeant de Bauer.

La PME de 35 salariés pour 4,8 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023 prévoit quatre nouveaux recrutements à court terme et ne s’inquiète nullement de la prochaine baisse des aides d’Etat. 

« Le marché a littéralement explosé entre 2022, où nous avons posé 50 installations, et 2023, où nous en avons réalisé 200. Notre carnet de commandes est plein jusqu’en avril 2025 et nous parviendrons sans doute à 250 installations cette année », annonce Carlos Sampaio, dirigeant de Bauer.

La PME de 35 salariés pour 4,8 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023 prévoit quatre nouveaux recrutements à court terme et ne s’inquiète nullement de la prochaine baisse des aides d’Etat. « Les subventions  vont baisser, mais elles ne s’arrêteront pas et une nouvelle législation impose dorénavant de prévoir un emplacement pour le photovoltaïque dans toutes les constructions neuves », indique Carlos Sampaio. Le dirigeant s’inquiète davantage d’une concurrence avivée par la crise du bâtiment au Luxembourg, qui conduit des entreprises d’électricité pas toujours expérimentées à se reporter sur ce marché porteur.

A Metz, Manuloc, leader national de la location de chariots élévateurs, nacelles et autres engin de manutention, a officialisée début juin la reprise de l’entreprise parisienne Axialease, spécialiste du leasing. Cette acquisition marque l’entrée du groupe lorrain, qui comptait 1.100 salariés pour 430 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023, sur le terrain de la décarbonation. 

« En l’espace de cinq ans, notre parc de chariots est presqu’intégralement passé du diesel à l’électrique. Celle mutation nous a conféré une grande compétence en matière de batteries et de chargeurs. Comme il n’y a pas grande différence entre une batterie mobile et une installation fixe, la diversification vers la décarbonation nous est apparu comme une évidence », relate Catherine Bathlemy, fondatrice de Manuloc.

Jusqu’à présente centré sur la mise à disposition de matériel informatique et médical, Axialease, qui emploie 50 salariés pour 80 millions d’euros de chiffre d’affaires, déploiera son expertise de la location financière sur les panneaux photovoltaïques, ombrières et batteries.  Les deux sociétés « sœurs » misent sur de nouvelles dispositions législatives françaises : les entreprises seront à court termes obligées de baisser de manière drastique leur consommation d’électricité et à équiper leurs parkings d’ombrières.

Les perspectives sont d’autant plus prometteuses que l’installation de panneaux photovoltaïques en leasing permettra aux deux entreprises de sortir des frontières nationales. Axialease  s’appuiera sur des structures de financement et des opérateurs français implantés en Allemagne, au Luxembourg, en Italie et en Espagne pour déployer son offre frontalière.

Au grand-Duché, l’entreprise Stoll Hydraulics, filiale de Manuloc basée à Bettembourg, constituera la vitrine de cette diversification. Cette entreprise de 37 salariés, qui répartit son activité à parts égales entre la location d’engins de manutention et le matériel de travaux publics, a achevé début juin la pose de 70 panneaux d’une puissance de 29 kilowatt-crête (kWc) sur la toiture de ses entrepôts. L’installation, qui génère une économie de 6,5 tonnes de CO2 par an, se destine aux deux tiers à l’autoconsommation. Dans un deuxième temps, le site s’équipera d’ombrières.

Les  offres d’installations photovoltaïques doivent permettre à Axialease  de doubler son chiffre d’affaires d’ici trois à quatre ans.