Avec Eurhena ACT, Eurhena relève le grand défi des petits projets

L’enthousiasme et la fierté sont palpables dans la petite équipe d’Eurhena, dernier-né des eurodistricts du Rhin supérieur. Cinq ans après sa constitution, le Groupement européen de coopération transfrontalière (GECT) de la Région Freiburg et Centre et Sud-Alsace lancera les inscriptions à son premier fonds dédié au soutien à des « petits projets » le 1er novembre. En juillet dernier, le comité de suivi Interreg Rhin supérieur a approuvé « Eurhena Art/Culture/Tourismus », contracté dans la formule volontariste « Eurhena ACT ». Le cofinancement de l’Union européenne contribuera pour 374.998 euros à des projets à vocation transfrontalière d’un montant compris entre 15.000 et 80.000 euros chacun.

Lorsque Eurhena a obtenu son indépendance en 2020, un Covid long menaçait les acteurs du secteur de la culture et de l’art. L’eurodistrict a rapidement œuvré à les mettre en lien avec les entreprises et les pouvoirs publics pour poser les bases de relations durables. Eurhena ACT s’inscrit dans le prolongement de cette initiative. Cet appel à projets permanent sélectionnera des initiatives mises en œuvre, jusqu’en mars 2029, qui valoriseront le patrimoine, développeront une nouvelle offre culturelle et touristique, ou contribueront à la structuration de filières dans ces secteurs, avec une impérative plus-value transfrontalière.

En plus des rôles inhérents aux projets Interreg traditionnels, l’eurodistrict endosse dans Eurhena ACT la responsabilité de gestionnaire de fonds. En tant que tel, il assure l’intégralité du processus, depuis la sélection en passant par l’accompagnement et le suivi. Les personnalités juridiques qui porteront les petits projets devront être en mesure d'en financer l'intégralité, mais le GECT avancera les fonds à mi-chemin, sur présentation des factures. Ces sommes lui seront reversées par Interreg Rhin supérieur.

La fourchette établie entre 15.000 et 80.000 euros, pour un cofinancement maximal de 60 % du budget total, découle d’un constat pragmatique. « Il existe de nombreux fonds, mais ce niveau de financement intermédiaire manquait. Par ailleurs, nous n’avons pas les épaules pour financer des projets atteignant un million d’euros. Notre structure était aussi trop petite pour instruire des très nombreux petits projets. Enfin, il était sécurisant de soutenir des projets émanant de structures capables d’avancer l’intégralité des fonds », explique Delphine Mann.

Eurhena ACT offre aussi l’occasion à l’eurodistrict de s’installer dans le paysage. « En discutant avec l'Eurodistrict Pamina au sujet des petits projets, nous avons compris que nos approches sont différentes, parce que nous n’avons pas leur notoriété. Nous sommes un nouvel eurodistrict, nous devons nous faire connaître et susciter les envies », analyse la secrétaire générale d’Eurhena.

Après un départ en douceur, la validation des candidatures avance désormais au rythme attendu. Cinq projets ont obtenu un cofinancement. Grâce au soutien du fonds, une association de Wissembourg va façonner un lieu de rencontres et d’animations (séminaires, formations, ateliers culturels, artistiques et de permaculture) sur un terrain frontalier. La Maison de la nature du delta de la Sauer et d'Alsace du Nord va organiser un festival de photo nature et une exposition itinérante sur les milieux rhénans. Le programme de Volontariat écologique franco-allemand (VEFA) dans l'Eurodistrict Pamina va bénéficier d’une caisse de résonance plus importante. Avec « Savoir vivre », des commerces inoccupés de communes allemandes et françaises accueilleront des expositions artistiques et des ateliers de graffiti.

« Dans le contexte actuel, aussi bien en France qu’en Allemagne, les structures associatives se battent pour boucler leurs budgets. Il est bon de rappeler l’existence de ces investissements de l’Union européenne sur notre territoire », souligne Victoria Hansen. Les candidatures aux petits projets Pamina sont ouvertes jusque fin 2028 et la prochaine date limite de dépôt est fixée au 27 octobre. Victoria Hansen recommande de prendre contact le plus en amont possible des dates butoirs.