Bade-Wurtemberg-France-Europe

A Baden-Baden, le beau monde du designer français Louis L. Lepoix

De la Bugatti à la béquille d’avant-bras en passant par l’intérieur du Concorde, le designer industriel Louis L. Lepoix a signé quelque 3.000 produits. Le musée de l’art et de la technologie LA8 de Baden-Baden, ville où il a vécu, consacre à ce-touche-à- tout visionnaire mais méconnu, une remarquable exposition, prolongée jusqu’au 10 août.

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La Bugatti Type 101, aujourd’hui conservée au musée national de l’automobile de Mulhouse.©W.Pangerl

La France, l’Allemagne et tant d’autres pays doivent à Louis Lucien Lepoix quelque 3.000 produits dont le briquet Bic®, la béquille d’avant-bras, la table d’appoint latérale, de l’électroménager, du matériel de bureau, mais aussi les tracteurs Steyr, les camions Henschel, l’intérieur du Concorde ou encore l’autobus urbain de Vienne.

Né à Giromagny (Territoire de Belfort) en 1918, ce designer industriel prolifique et visionnaire a longtemps vécu à Baden-Baden (Bade-Wurtemberg) où il est décédé en 1998. La cité thermale consacre actuellement à ce touche-à-tout, qui s’était aussi très tôt intéressé à l’utilisation des énergies renouvelables, une exposition intitulée “Le Beau monde dedemain. Le designer Louis L. Lepoix”. En raison de son succès, le musée de l’Art et de la technologie LA8, qui l’abrite, a décidé de la prolonger jusqu’au dimanche 10 août.

Une carrosserie faite à la main

Louis L Lepoix, dit LLL3, est arrivé en Allemagne en octobre 1945 comme ingénieur civil dans l’armée française. Chef de département au Centre de réparation automobile sud (CRAS) à l’usine Zeppelin de Friedrichshafen, il travaille, parallèlement, comme indépendant. C’est d’ailleurs avec une carrosserie de voiture de sport construite à la main, sur un châssis de Simca, que Louis L Lepoix va postuler chez Bugatti. En 1949-1950, il se rend quatre jours par semaine à l’usine de Molsheim et signe la Bugatti T101 qui se trouve actuellement au musée national de l’automobile à Mulhouse. 

D’abord styliste, à une époque où le design industriel n’en était qu’à ses balbutiements, il s’installe en 1952 à Baden- Baden, alors siège de la zone d’occupation française. Il fonde sa propre société, Form Technic International, FTI Design, qui ouvre des ateliers à Paris (1956) et Barcelone (1965) et des succursales dans divers États européens. 

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Portrait de Louis L. Lepoix, 1987. ©Archives Lepoix

112 brevets, 200 prix de design

L’époque est à la croissance économique avec, pour corollaire, une forte poussée de la consommation et une envie de nouveautés. Louis L. Lepoix y répond avec des véhicules - 247 projets au total -, des objets du quotidien et des équipements de travail dont le design se veut toujours fonctionnel, ergonomique et durable. De la fin des années 1970 à 1984, il dirige également la société Soleoliennes Lepoix, à Enghien-les-Bains, près de Paris, afin de commercialiser ses projets dans le solaire et l’éolien. Mais le marché n’est pas encore mature.

Montée en collaboration avec les Archives Lepoix, l’exposition de Baden-Baden est une vertigineuse plongée dans ces 50 ans d’activité. Un demi-siècle au cours duquel le designer français a déposé 112 brevets et a obtenu plus de 200 prix de design… Un foisonnement créatif qui lui laissait même le temps de peindre et de sculpter ! 

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Chariot latéral, 1979. Il est exposé depuis 1984 au Museum of Modern Art de New York.©Archives Lepoix

Un musée unique en Allemagne

Elle répond aussi à la vocation du musée de l’art et de la technologie, situé dans le centre culturel LA8, soit au numéro 8 de la Lichtentaler Allee, créé en mars 2009 par la Fondation Grenke.

“L’art et la technologie sont souvent considérés comme les deux faces d’une même médaille. Les expositions du musée LA8 traitent de la connexion entre ces deux antipodes supposés. Cette approche est unique dans le paysage muséal allemand”, selon la définition qu’en a donné son premier directeur, le professeur Matthias Winzen.

Les collections permanentes du musée traitent ainsi des interactions entre l’art et la technologie au XIXème siècle, période qui a vu naître les chemins de fer, les voitures, l’avion, le téléphone… Les expositions y sont abordées sous des angles thématiques (coexistence de la télépathie et de la téléphonie, débuts du tourisme, papier-monnaie,premiers médias de masse…) ou à travers des ”innovations” sociétales (enfance, scolarité obligatoire, famille nucléaire…).

https://la8.de › museum

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