Marie de Hongrie, femme puissante dans l’Europe de la Renaissance
Gouvernante d’un territoire incluant la future la Belgique, elle a aidé son frère l’empereur Charles Quint, chef de la Maison des Habsbourg, à étendre son emprise sur l’Europe. “Marie de Hongrie. Art et pouvoir à la Renaissance” est la nouvelle exposition du musée de Mariemont, œuvres historiques et reconstitutions immersives à l’appui.
Elle a exercé le pouvoir, et pas des moindres, dans l’Europe du XVIème siècle. Installée dans son palais de Bruxelles, Marie de Hongrie (1505-1558), sœur de l’empereur Charles Quint, a été gouvernante des Pays-Bas. Stratège et non simple exécutante, elle a aidé le chef de la Maison des Habsbourg à renforcer son emprise sur une grande partie de l’Europe et à préparer la succession impériale. Dans la commune wallonne de Morlanwelz, le Domaine et musée royal de Mariemont, un ancien pavillon de chasse édifié par la reine, lui consacre depuis le 22 novembre et jusqu’au 10 mai, son exposition temporaire. “Marie de Hongrie. Art et pouvoir à la Renaissance” revient sur ce clan familial, les tactiques imaginées par la reine et leurs conséquences internationales, son goût pour la guerre, pour la chasse comme pour les arts.
Paysages et musique
L'exposition a été coproduite par le Domaine et musée royal de Mariemont et l’université catholique de Louvain (KU Leuven), avec le Centre d’études supérieures de la Renaissance de l’université de Tours. Elle s’appuie sur des œuvres historiques dont des portraits attribués au Titien, des sculptures, des documents d’archives, de l’orfèvrerie originale, une tapisserie récemment acquise et restaurée… Certaines pièces sont inédites. Quatre installations multisensorielles, qui combinent modèles 3D, musique, images, animation, danse et vidéo, complètent la visite. Ces reconstitutions immersives autour de l’art, de l’architecture, des paysages et de la musique de la Renaissance constituent une avant-première du projet européen d’innovation en médiation numérique, MARY4ALL.
50 phares sur la côte
Le tout est à la mesure de ces enjeux dynastiques et politiques qui ont contribué à façonner l’Europe. Marie de Hongrie, en qui Charles Quint avait placé sa confiance, a gouverné pendant 24 ans, dont la moitié en situation de guerre, ce qu’on appelait alors des Pays-Bas. Pas très populaire, et pour cause puisque c’est elle qui se chargeait de lever les fonds pour financer les combats, elle s’est largement impliquée dans les préparatifs militaires, se rendant sur les différents fronts pour surveiller les commandements.
C’est elle qui a négocié plusieurs fois des trêves avec le roi de France, François 1er, qui a refusé de financer Charles Quint pour le dissuader d’assiéger Metz, elle encore qui a renforcé la défense côtière grâce à un réseau de 50 phares sur 350 km pour communiquer en cas d’alerte, mais aussi lancé une politique de grands travaux militaires afin de défendre la Flandre contre la menace française…
Joueuse d’échecs
Dans sa bibliothèque, Marie de Hongrie avait des ouvrages de Machiavel et de Vitruve. Sans état d’âme apparent, elle a assuré la succession, compliquée, de l’empire en soutenant Philippe II d’Espagne, fils de Charles Quint, qu’elle n'appréciait pourtant guère. Pour le légitimer, elle est allée jusqu’à organiser les “Triomphes de Binche”, ville où elle avait fait construire un palais. Il s’agissait d’une série de fêtes prestigieuses destinées à présenter l’héritier aux nobles du “Pays d’en bas”.
Cette implication dans la guerre et la diplomatie illustre comment Marie de Hongrie, avec son entourage, a transformé le pouvoir en puissance. Suspectée à plusieurs reprises de sympathie pour la Réforme -Luther lui a dédicacé quatre psaumes- la reine est restée nécessairement catholique. Musicienne et grande amatrice d’art, elle était aussi une joueuse d’échecs.
Marie de Hongrie représentée à l’âge de 14 ans. DR
Une reconstitution immersive accompagne l'exposition. DR
