« Les frontaliers partent avec leur emploi sous le bras »

Vous contestez l’approche communément admise selon laquelle la proximité du Luxembourg contribue de manière positive à l’économie du nord-lorrain. Sur quelles données vous appuyez-vous ?

Notre association s’est penchée sur les données publiées par l’Insee en 2022, qui souligne un décrochage économique de la région Grand Est depuis 1998 et l’attribue au nombre croissant de travailleurs frontaliers. En nous penchants sur les codes Nace, qui désignent l’activité des entreprises, dans la communauté d’agglomération Thionville-Porte de France, on observe effectivement la perte de 2.200 emplois depuis 2006, alors même que la population s’accroît. Le paradoxe est particulièrement perceptible dans le secteur du bâtiment et dans les activités immobilières, alors même que le nombre de logements a fortement augmenté pour accompagner l’augmentation du nombre de frontaliers. L’emploi baisse également dans le commerce de gros et dans le transport terrestre. Il est possible qu’une partie de ces emplois aient été transférés au Luxembourg, comme en attestent entre autres une autre étude de l’Insee parue en septembre 2022.  Elle révèle que 75 % des nouveaux frontaliers avaient un emploi en France l’année précédente et que 60 % d’entre eux habitaient en Moselle et en Meurthe-et-Moselle. Autrement dit, il semble bien qu’une majorité de frontaliers partent avec leur emploi sous le bras.