Lorraine – Grande Région

« L’Université de Lorraine est européenne par nature »

Hélène Boulanger, enseignante-chercheuse en sciences de l’information et de la communication, a été élue en mai 2022 présidente de l’université de Lorraine. Avec Karl Tombre, vice-président en charge de la stratégie européenne et internationale, elle s’exprime sur le positionnement international, européen et transfrontalier de l’institution, qui regroupe 7.000 personnels et 62.000 étudiants.

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Hélène Boulanger, présidente de l’université de Lorraine, et Karl Tombre, vice-président en charge de la stratégie européenne et internationale. © Pascale Braun

Quelle stratégie l’Université de Lorraine déploie-t-elle à l’international ?

Hélène Boulanger. Au cours des dix dernières années, l’université a  structuré de grandes coopérations internationales. Nous partageons une forte ingénierie de recherche sur les matériaux avec le Georgia Institute of Technology d’Atlanta. En matière de remédiation des sols, nous coopérons avec  l'Université duQueensland, en Australie, qui se classe parmi les premières universités de géosciences du monde. Nous figurons nous-mêmes au top du classement européen dans ce domaine et constituons l’une des rares universités où les géologues et les écologues dialoguent. Nous conduisons avec l’université internationale de Rabat au Maroc un partenariat historique  qui englobe l’énergie, les matériaux et procédés, l’informatique, la santé ou encore, un programme de formation en odontologie. Nous coopérons avec l’université japonaise de Tohoku dans le domaine des mathématiques, de l’électronique ou les sciences sociales. Nos partenariats avec l’Université USM (Universiti Sains Malaysia) en Malaisie portent sur la chimie, la pharmacie et l’ingénierie.

Toutes ces coopérations, qui se sont construites sur la connaissance, puis la confiance réciproques, se poursuivent et s’élargissent. Au cours des dix prochaines années, l’Europe sera au centre de notre stratégie.

Quels enjeux l’Europe représente-elle pour l’Université de Lorraine ?

Hélène Boulanger. L’université de Lorraine est européenne par essence. L’Europe s’y vit au quotidien, par la proximité des cultures et des peuples et par les liens historiques, géographiques et sociaux qui s’y tissent. Notre stratégie européenne est prioritaire, car l’Europe constitue la bonne échelle pour accélérer la recherche et l’innovation.

Notre université a rejoint fin septembre l’alliance européenne Eureca Pro. Ce réseau de neuf universités répond à l’objectif de développement durable numéro 12 de l’Organisation des Nations Unies : « Consommation et production responsables », en parfaite résonnance avec nos propres domaines d’excellence. Interdisciplinaire, l’Université de Lorraine travaille sur les sujets cruciaux liés aux grandes transitions écologique, énergétique ou alimentaire.  Eureca Pro s’inscrira dans le nouvel appel à propositions lancé par la Commission européenne dans le cadre d’Erasmus+ .

Karl Tombre. En 2019, l’Université de la Grande Région (UniGR) n’a pas pu s’inscrire dans l’appel à projet Universités européennes, qui était configuré pour des partenariats reliant des universités dans un axe nord-sud ou est-ouest, mais nous avons noué d’autres alliances, notamment pour le cadre d’Erasmus, pour tester les statuts que pourrait adopter une université européenne. 

Comment l’Université de Lorraine compte-t-elle s’inscrire dans la prochaine programmation Interreg ?

Hélène Boulanger.  Interreg s’est recadré sur des thématiques présentant des impacts directs pour les territoires et les collectivités. Il n’est donc pas question de faire des copié-collé des projets précédents, mais il reste des choses à faire, notamment dans le cadre de l’UniGR. Le centre d’expertise Border Studies présente un fort potentiel d’expérimentations territoriales.

La position transfrontalière de l’Université de Lorraine constitue-elle une plus-value en termes de mobilité ?

Karl Tombre. En matière de mobilité, nous cherchons une formule magique. La proximité entre les villes de  Metz, Nancy, Sarrebruck, Liège, Kaiserslautern ou Luxembourg permet une mobilité particulière, mais elle n’est pas massive. Nous nous trouvons dans un espace unique, particulièrement intégré, riche d’une longue histoire commune qui a aussi marqué l’histoire de l’enseignement supérieur. Mais une fois ce constat posé, il reste à le traduire en pratique.  Pour un étudiant, la mobilité transfrontalière reste en concurrence avec d’autres mobilités qu’il pourrait effectuer à Barcelone ou à Lisbonne.  

Hélène Boulanger. C’est peut-être lorsque l’on vient d’autres continents que l’Europe que l’on perçoit le mieux la particularité de la Grande Région. Voilà trente ans que l’on construit l’espace transfrontalier, mais les masters sont conçus à l’échelle européenne. Il manque cette structure charnière qui renforcerait la réalité de l’Europe au quotidien.  

Le projet Interreg Bridge, qui entendait faciliter l’apprentissage des étudiants à l’échelle de la Grande Région, s’est heurté à une difficulté que nous avions identifiée : il existe dans les pays frontaliers des différences de réglementations sociales, fiscales et réglementaires dont la résolution ne relève ne relève pas de l’université. Je n’en reste pas moins très attachée à l’alternance. D’une part, elle permet à certains étudiants de lever les freins économiques  qui pourraient les empêcher d’accéder à l’enseignement supérieur. D’autre part, elle transforme les pratiques pédagogiques et professionnelles. Nous avons tout intérêt à la développer et à l’ouvrir, y compris dans l’espace transfrontalier.

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