Thierry Fransceschetti, fondateur et président d’Industeam

« Aucun projet économique ne fonctionne sans l’adhésion des salariés »
Thierry Fransceschetti
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    Thierry Fransceschetti, fondateur et président d’Industeam. DR

Thierry Fransceschetti a lancé Industeam en 2006 en organisant le transfert d’un laminoir appartenant à ArcelorMittal de Dudelange, au Luxembourg, à  Genk, en Belgique. En 17 ans, la structure est passée de 3 salariés à un millier en s’adaptant aux changements de donne de l’industrie mondiale. Son dirigeant exprime les convictions stratégiques, managériales et humanistes qui confèrent à Industeam une place particulière parmi les ensembliers industriels européens.

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Suivre le tempo de l’économie

En musique, quel que soit l’instrument dont on joue, l’essentiel est de rester dans le rythme. En matière d’économie aussi, il faut adapter l’entreprise aux tempos pour avoir du succès. En vingt ans, nous sommes passés de la sidérurgie à l’industrie, puis de l’industrie à l’énergie.

Nous nous inscrivons aujourd’hui dans la transition énergétique et dans la décarbonation. Nous faisons partie des entreprises référencées par les leaders mondiaux de l’énergie renouvelable. A la Réunion, nous avons converti deux centrales à charbon à la biomasse. Nous nous positionnons sur la décarbonation des dernières centrales à charbon de France, dont celle de Carling en Moselle. Nous renforçons également nos équipes sur la partie nucléaire pour assurer la maintenance des centrales et accompagner le développement des EPR. Je crois en ce type d’énergie. En interne, nous avons posé des panneaux photovoltaïques sur l’ensemble de nos sites en France, en Roumanie et au Luxembourg. Nous sommes en passe d’atteindre l’autonomie énergétique.

La crise sanitaire nous a obligés à changer notre mode de production

La proximité et le vivre-ensemble faisaient déjà partie de notre ADN. Nous les avons renforcés, car aucun projet économique ne fonctionne si on n’a pas l’adhésion de ses salariés. Nous n’avons pas de directeur général, mais des services transverses qui se placent à la disposition de 45 « patrons » qui sont tous responsables de leur activité. Sur le plan de l’organisation, nous avons dématérialisé les documents nécessaires au salarié sur le chantier pour qu’il puisse produire ses ordres de mission, ses attestations et ses documents personnels sans traîner une valise dernière lui.

Sur le plan humain, notre organisation nous impose d’être proches des gens. Je m’inspire du modèle allemand, où la porte est toujours ouverte pour permettre aux salariés d’évoquer leur situation. Environ 10 % des familles ont des difficultés financières ou liées au handicap ou à la maladie. Nous nous efforçons d’en réduire l’impact, notamment en maintenant les revenus durant les périodes de maladie ou en augmentant les primes au cours des deux dernières années précédant la retraite.

Je n’ai pas d’obligation de distribution de dividendes

Je suis à la fois à la fois actionnaire majoritaire et président opérationnel du groupe Industeam. Cette situation est devenue plutôt rare dans un contexte où la finance a pris le dessus sur la production. Je n’ai pas d’obligation de performance financière fixée par des actionnaires, des fonds d’investissement ou des gestionnaires de fortune. La volonté d’augmenter le chiffre d’affaires correspond simplement à faire plus et mieux ensemble ! Les opportunités se présentent souvent naturellement et il faut juste les saisir en fonction de la stratégie de développement et des compétences du groupe.

L’indépendance me permet entre autres d’accorder aux salariés de véritables participations en toute transparence. La culture d’entreprise s’en trouve renforcée. Je suis convaincu de l’importance du lien entre l’entreprise et le salarié. Sauf cas particulier, je suis opposé au télétravail et à la gestion à distance. Quand les dirigeants sont loin du théâtre des opérations, le lien se distend et l’âme de l’entreprise se perd.

Notre politique sociale contribue à fidéliser nos salariés et facilite la centaine de recrutements auxquels nous procédons chaque année pour renforcer nos effectifs ou compenser nos départs en retraite. En matière de management, la certification Ecovadis est un outil de travail. Elle précise les critères importants dans le monde du management et nous indique ce que le marché demande. C’est à la fois une photographie de l’entreprise et un bulletin que nous pouvons présenter à nos clients pour leur démontrer que nous faisons partie des meilleurs. Sur le plan sociétal, c’est l’équivalent d’une dose d’adrénaline qui nous pousse à ne jamais cesser de tendre la main.

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