A Sarrebruck, le centre international de coopération et de formation policière à Sarrebruck reste au point mort
Annoncé fin 2024, le centre international de coopération et de formation policière reste dans les limbes. Les agents sarrois s’impatientent, car ils attendent beaucoup de cette nouvelle structure, notamment sur le plan de la formation juridique transfrontalière.

Le 3 décembre 2024, l’ancienne ministre fédérale de l’Intérieur Nancy Faeser et son homologue sarrois Reinhold Jost actaient la création, à Sarrebruck, d’un centre international de coopération et de formation policière. Mais l’« agenda commun » conclu par les deux ministres s’éternise : depuis près de deux ans, cette nouvelle structure, censée renforcer la coordination de patrouilles transfrontalières, la compréhension des cadres juridiques internationaux ainsi que le multilinguisme, ne s’est concrétisée d’aucune manière.
« Nous avons transmis au ministère fédéral de l’Intérieur un document de définition des objectifs pour convenir de la suite de la démarche, décrivant les points clés concernant la question du site, l’orientation thématique du centre de coopération et de formation, ses besoins en personnel et, enfin, les aspects budgétaires. À ce jour, aucun résultat n’a encore pu être identifié à ce sujet », admet le ministère de l’Intérieur de la Sarre dans une réponse écrite du 9 septembre 2025.
Des besoins de terrain
La coopération doit englober les autorités allemandes, françaises, luxembourgeoises et belges. Plusieurs rencontres entre Reinhold Jost et Léon Gloden, ministre de l’Intérieur du Luxembourg, ainsi que Michael Ebling, le ministre de l’Intérieur de Rhénanie-Palatinat, ont permis de définir les missions du site. Ce dernier ne jouera pas de rôle dans les contrôles actuellement exercés aux frontières, mais constituera un atout dans la formation des policiers et dans la préparation des interventions transfrontalières.
« Nous attendons que les responsables politiques réagissent. Le centre nous permettra d’agir en amont et d’être plus efficaces, avant même que les patrouilles ne soient sur le terrain. Les conditions juridiques varient d'un pays à l'autre », explique Werner Schreiber, président de la GdP Sarre, premier syndicat de la police fédérale.
Le syndicaliste cite entre autres des différences de responsabilité : en Allemagne, les agents de police à partir d'un certain âge sont des auxiliaires du ministère public. En France, ce sont des officiers de police judiciaire qui sont habilités à ordonner ces mesures. Les policiers allemands patrouillant avec des agents français peuvent être confrontés à cette différence.
Un maillage transfrontalier
S’il voyait le jour, le centre sarrois occuperait une position stratégique grâce à sa proximité avec la Moselle et le Luxembourg. Un centre de coopération policière et douanière existe déjà depuis 1999 à Kehl, à la frontière strasbourgeoise. Il fournit des échanges d’informations en temps réel et appuie les procédures de poursuites ou d’identification entre les services de police, de gendarmerie et des douanes des deux pays, mais n’intervient pas dans les questions de formation. Une structure semblable existe également depuis 2003 entre le Grand-Duché et les Länder rhénan-palatins et sarrois.
« Le centre luxembourgeois est interlocuteur direct de la police fédérale et régionale. Il n'assure pas formation continue ou ponctuelle. Les policiers du centre grand-ducal conseillent les collègues allemands qui appellent pour des questions d’ordre juridique. Le centre de Sarrebruck assurerait une formation en amont, importante pour fluidifier les opérations sur le terrain », explique Werner Schreiber
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Police à la frontière entre Kehl et Strasbourg. © Fabian Gomond.