ALSACE

Wesserling, la cathédrale du textile, prend un nouveau visage

Le Parc de Wesserling, au pied des Vosges alsaciennes, hérité de la vaste manufacture d’impression qui y fabriqua les toiles dites « indiennes » pendant 250 ans, commence à façonner son parcours « éco-muséal » qui doit lui permettre de changer de dimension. 

Parc de Wesserling
La façade du château avec, en arrière plan, le jardin. © Château de Wesserling

La cathédrale du textile n’a pas encore livré tous ses secrets. Le Parc de Wesserling (Haut-Rhin) pose un « objet » d’une ampleur et d’une valeur exceptionnelle dans le fond de la vallée alsacienne de la Thur au pied des Vosges : pas moins de 80 hectares jalonnés de constructions et de jardins façonnés pendant 250 ans par la Manufacture d’impression. Véritable ville dans la ville… ou le village, celle-ci fit travailler jusqu’à 5.000 femmes et d’hommes simultanément, au milieu du XIXème siècle. Plus encore, elle logea en bonne partie sur place et elle amena chevaux, vaches et autres animaux pour la traction et les substances nécessaires à la production des « indiennes », des toiles de coton imprimées ou peintes qui faisait sa réputation internationale. 

Cet écosystème avant l’heure, très hiérarchisé jusque dans sa topographie avec la montée vers le château de la direction, se perpétue depuis une vingtaine d’années sous la conduite opérationnelle des collectivités, mais avant tout par l’abnégation d’un homme, François Tacquard, ancien président de la communauté de communes de la Vallée de Saint-Amarin désormais retiré de la vie politique mais toujours président de l’association de gestion du Parc. Cet ensemble s’est déjà largement renouvelé, en accueillant dans des locaux désaffectés non seulement un musée, mais aussi des activités créatives et économiques autour du textile qui font, avec les remarquables jardins, de Wesserling une destination touristique non négligeable : 80.000 visiteurs répertoriés l’an dernier.   

Le château patronal, point d’entrée

Mais il veut aller plus loin. Le président de l’association vise désormais « 130.000 à 140.000 visiteurs ». Comment ? En ouvrant huit mois de l’année au lieu de quatre et surtout en confectionnant un parcours éco-muséal plus complet. La nouveauté, ouverte au public à l’occasion de la saison 2024 lancée fin avril, apporte au Parc sa pleine cohérence en lui adjoignant plusieurs pièces manquantes du puzzle. Elle commence à prendre forme, bien que pas autant que souhaité. Une querelle très locale sur le statut de la petite route qui coupe le Parc en deux retarde la liaison entre les différents éléments dont la réhabilitation et la transformation est fixée dans ses principes. 

Dans le premier temps que marque cette saison, le parcours ajoute surtout la halte de départ au château qui devient le point d’entrée du site après être resté à l’abandon pendant plus de 30 ans. La fabrication des indiennes, qui débuta dans ce bâtiment, y est racontée. La vie et l’atmosphère sont restituées par des reproductions des métiers (le dessinateur, le graveur…), des procédés et de la vie des patrons. Après le passage par les jardins, le visiteur sera invité à rejoindre la grande chaufferie des années 1960. Ces secteurs encore sous-exploités occupent presque la moitié du site. Pour les mettre en valeur, les porteurs du projet s’inspirent de l’étranger.

En attendant la ferme et les turbines

Parc de Wesserling

François Tacquard, président de l’association de gestion du Parc de Wesserling.© Mathieu Noyer

« Notre modèle de référence principal, ce sont les écomusées à l’anglaise : pas une offre figée ou trop passéiste, mais la construction d’un vrai parcours, par étages, qui fait appel à une théâtralisation de qualité, par des saynètes à la validité scientifique attestée », décrit François Tacquard, président de l’association de gestion du Parc de Wesserling.

Espérée pour la saison 2025, la transformation complète comprend le passage par la ferme dont les animaux faisaient partie intégrante du process. Ensuite, après la grande chaufferie, ce sera au tour du laboratoire et de la salle des turbines, dernier investissement majeur opéré à la fin des années 1990, peu avant la fermeture de l’usine en 2002. 

Attirer le visiteur allemand et suisse

C’est alors que le site présentera le visage qui lui permettra de viser un bond de fréquentation, qui mise sur une clientèle transfrontalière, située dans le périmètre cible de 300 à 400 kilomètres à la ronde.  « Nous aurons une offre digne de pouvoir attirer le visiteur depuis Bâle, Fribourg-en-Brisgau et au-delà. Nous sommes peu performants aujourd’hui sur la clientèle allemande et suisse », souligne François Tacquard. 

Des moyens financiers sont bien sûr nécessaires pour une telle métamorphose. Pas de manière pléthorique : « Nous avons toujours fait nôtre la règle de la frugalité, dans les dépenses comme dans la quête des recettes sous la forme des loyers des occupants », rappelle le président de l’association. Mais multipliés par les hectares et les mètres carrés à aménager, ils se montent quand même à quelque 5,6 millions d’euros. Pour les réunir, les collectivités, l’Etat et l’Europe mettent la main à la poche. Le site est également lauréat de la « Mission patrimoine » de l’Etat pilotée par l’animateur d’origine luxembourgeoise Stéphane Bern. Pas de quoi boucler totalement le budget, si bien que le Parc fait appel également au mécénat. Pour cette source-là de fonds, il lui reste à trouver quelque 500 000 euros afin d’atteindre son objectif de 20 % d’autofinancement. 

Parc de Wesserling

L’extérieur de la grande chaufferie dont la métamorphose est programmée. © Château de Wesserling

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