BADE-WURTEMBERG

Musée Burda à Baden-Baden : le souffle des 20 ans

En deux décennies d’existence, le musée créé à Baden-Baden par Frieder Burda, l’un des fils des fondateurs des magazines éponymes, a multiplié les expositions prestigieuses, de Richter à Bansky. A partir du 15 juin, ““I Feel the Earth Whisper” réunit exceptionnellement quatre artistes contemporains. 

Baden-Baden Musée Burda 20 ans
Frieder Burda, en 2011, devant le musée signé de l’architecte new yorkais Richard Meier et qu’une passerelle de verre relie à la Staatliche Kunsthalle. © Musée Frieder Burda

Du verre, du blanc et des lignes très épurées: le 22 octobre 2004, le long du verdoyant et foisonnant - y compris en automne - parc de la Lichtentaler Allee de Baden-Baden, le musée Burda ouvre ses portes. Il est né de la volonté de Frieder Burda (1936-2019), l’un des trois fils des fondateurs des magazines éponymes et formidable collectionneur d’art contemporain. En deux décennies, de prestigieuses expositions ont attiré dans la cité thermale des visiteurs du monde entier. Elles sont tantôt thématiques, tantôt consacrées à des artistes parmi lesquels Gerhard Richter, Sigmar Polke, JR, Anselm Kiefer, Katharina Grosse, James Turrell, William N. Copley, Bansky… Le musée va fêter ce 20ème  anniversaire à partir du 15 juin, avec l’expo “I Feel the Earth Whisper” ( “Je sens le murmure de la Terre”) qui réunit exceptionnellement quatre artistes internationaux, preuve qu’il n’a rien perdu de son souffle. 

Forêt Noire et eaux thermales

La Forêt Noire, les eaux thermales de Baden-Baden, le souhait de Frieder Burda de construire un musée à l’échelle humaine, les espaces lumineux du bâtiment dessiné par l’architecte new yorkais et prix Pritzker (équivalent du Nobel en architecture) Richard Meier et situé dans un parc classé au patrimoine mondial de l’Unesco : c’est tout cet environnement auquel fait, symboliquement, écho l’exposition à venir. “I Feel the Earth Whisper” présente, pour la première fois ensemble, les œuvres -sculpture, peinture, vidéo et photographie - de la sud-africaine Bianca Bondi, du franco-suisse Julian Charrière, du nord-américain Sam Falls et du brésilien Ernesto Neto. Ces installations ont en commun de raviver les liens entre le monde humain, celui des forêts et d’autres écosystèmes de la terre. L’exposition est placée sous le double commissariat de Patricia Kamp, historienne d’art et responsable artistique de la collection Frieder Burda, et de Jérôme Sans, cofondateur du Palais de Tokyo à Paris. Elle est à découvrir jusqu’au 3 novembre.

Baden-Baden Musée Burda 20 ans

L’affiche de l’exposition conçue pour les 20 ans du musée. DR

Première toile à 3.500 DM

L’exposition entend aussi rendre hommage “à l’esprit visionnaire et l’héritage durable” de Frieder Burda. Le point de départ est souvent relaté : à l’âge de 32 ans, en 1968, le futur collectionneur avait acheté sa première toile pour 3.500 Deutsch Mark. En prime, il s’agissait d’une œuvre contemporaine du peintre italien Lucio Fontana. Un acte à la fois émancipateur, puisque son père possédait essentiellement des peintres expressionnistes allemands, et le début d’une impressionnante collection. Frieder Burda a rassemblé un millier de pièces d’art moderne et contemporain, parmi lesquels des chefs d’œuvre signés Pablo Picasso, Max Beckmann, Jackson Pollock, Willem de Kooning, Mark Rothko, Gerhard Richter, Georg Baselitz ou encore Sigmar Polke. 

Les toiles de ces artistes, qui furent souvent des précurseurs, sont présentées en alternance avec les expositions temporaires, selon des mises en perspective  sans cesse renouvelées. La collection Frieder Burda n’est, en effet, pas exposée en permanence.

Francophile et fédérateur

Né à Gegenbach, à côté d’Offenbourg, Frieder Burda avait occupé divers postes dans la centrale des éditions de presse de ses parents, Aenne et Franz Burda, et relancé notamment l’imprimerie de labeur à Darmstadt. Il a créé la fondation - de droit privé et reconnue d’utilité publique - qui porte son nom en 1998 afin d’y abriter sa collection et de la rendre visible au public. C’est elle qui finance le musée et gère également la collection de peintres, pour la plupart expressionnistes, de son frère aîné, Franz E. Burda ((1932-2017).

“Avec sa fondation et son musée, il a très tôt regardé vers l’avenir - et créé un foyer pour sa collection et une scène pour l’art. Lui-même a plutôt fui la grande scène”, souligne son épouse Elke Burda. “Le besoin de partager - son savoir, son expérience, sa passion pour l’art - était ce qui le caractérisait.”

Un pont a aussi été jeté entre Baden-Baden et la capitale allemande, principale scène artistique d’Allemagne. Sa belle-fille Patricia Kamp y anime le Salon de Berlin, un showroom et, en même temps, un espace de projets. 

Citoyen d’honneur de Baden-Baden, francophile passionné et convaincu du “pouvoir fédérateur de l’art, son influence positive et son apport au-delà des frontières”, comme il l’avait écrit en préface d’un catalogue, Frieder Burda est décédé dans cette ville du pays de Bade, un 14 juillet… jour de la fête nationale en France.

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