Les asperges d’Alsace se veulent à la pointe
En Alsace, la saison des asperges bat son plein. A Duppigheim, Paul Heckmann en cultive sur plusieurs hectares et respecte deux cahiers des charges, un pour le bio et l’autre pour l’appellation ‘Asperge d’Alsace’.

Dans la ferme familiale de Paul Heckmann, producteur d’asperges à Duppigheim depuis 2010, la vente sur place se fait dans le garage aménagé par ses parents retraités. Depuis quelques semaines, ses équipes et lui-même récoltent des asperges sur une partie des quatre hectares de cette plantation située à une quinzaine de kilomètres à l’ouest de Strasbourg. Les récoltes sont vendues en circuit court, à des clients, des restaurateurs, des éleveurs… La saison des asperges impose « 70 heures de travail par semaine en continu pendant trois mois », reconnaît le jeune agriculteur. Mais la récolte en vaut la chandelle : les clients viennent de loin -parfois d’Allemagne- pour la qualité de sa production, certifiée bio.
Le bio fidélise
La ferme Heckmann possède également trois ares de cultures de framboises, dix ares de fraises, du blé, des pommes de terre, de l’oignon et de la rhubarbe. Le père de Paul Heckmann avait pris la décision de passer l’ensemble de la production au bio, un pari repris avec fierté par son fils.

Paul Heckmann, dans son entrepôt. © Fabian Gomond
« Ici, on retrouve des asperges dans chaque village aux alentours. Or, le bio nous permet d’avoir des clients fidèles, qui font parfois beaucoup de route pour venir chez nous. Le bio demande beaucoup de travail, mais c’est possible », témoigne-t-il.
A ce premier cahier des charges bio s’ajoute un deuxième avec des conditions (telles que la rapidité de la récolte, la durée du stockage, etc…) afin de pouvoir afficher l’appellation “Asperges d’Alsace”.
L’association sur les réseaux sociaux
La ferme est en effet membre de l'Association pour la promotion de l'asperge d’Alsace. Celle-ci certifie la qualité de la production d’asperges depuis 1991. Un organisme de contrôle indépendant vérifie régulièrement que la ferme de Paul Heckmann respecte le cahier des charges supplémentaire. Une quarantaine d’agriculteurs sont membres de l’association et produisent près de 80% des asperges alsaciennes.
Le siège de l’association est situé à Hoerdt, la capitale alsacienne de l’asperge. Le pasteur Louis Gustave Heyler aurait ramené cette plante d’Algérie à la fin du XIXème siècle. Un monument lui est même consacré dans la ville.
« Pour l’instant, notre ferme tourne bien, j’imagine que c’est aussi grâce à la communication de l’association », poursuit Paul Heckmann. L’association est très présente sur les réseaux sociaux.
Trois ans pour pousser
Sur ses quatre hectares, certaines parcelles sont consacrées de longue date aux asperges, d’autres plus récemment.
« Nous avons planté des nouvelles asperges sur un terrain au début du mois d’avril. Ce dernier ne produira rien cette année, ni l’année prochaine. Nous y aurons les premières asperges dès 2027, mais le rendement sera maximal entre 2028 et 2035 », explique Paul Heckmann. Cet investissement préalable sur les trois premières années est indispensable.
Au début du printemps, les premières asperges proviennent généralement d’Espagne, exposées plus tôt au soleil, et souvent vendues très chères. Les prix commencent à baisser lorsque les asperges des territoires plus au nord, en Alsace mais aussi dans le Bade-Wurtemberg, apparaissent sur les étals.
Les Allemands sont les premiers producteurs européens d’asperges, avec plus de 100.000 tonnes par an. Selon Paul Heckmann, « les producteurs dépassent rarement les frontières, ce sont plutôt les clients qui font le déplacement. Beaucoup viennent d’Allemagne pour la qualité de nos asperges alsaciennes ».
La saison s’étend jusqu’en juin. Les producteurs certifiés ‘Asperge d’Alsace’ sont répertoriés ici.
© Fabian Gomond