Sarreguemines - Sarre

« La coopération transfrontalière se joue sur le terrain »

Roland Roth, président de la communauté d’agglomération Sarreguemines confluences

Président de la Communauté d’agglomération Sarreguemines Confluences depuis 1997 et maire de Blies-Guersviller, Roland Roth revient sur trois décennies de rapprochement entre son intercommunalité, qui regroupe 67.000 habitants répartis sur 38 communes, et le versant sarrois immédiatement limitrophe.

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Roland Roth, président de la Casc. © Pascale Braun

Dans quels domaines la coopération transfrontalière vous semble-t-elle avoir le plus progressé au cours des dernières années ?

Sans doute en matière de mobilité. A fin des années 80, l’une de mes premières réalisations en tant que maire de Blies-Gerveiler a été de cofinancer, puis d’inaugurer une passerelle avec Bliesmengen-Bolchen, côté sarrois. L’ouvrage se nomme le pont du Passeur, car ces deux territoires urbanisés étaient jusqu’alors reliés par un bac qui effectuait la traversée à la demande. En 1997, l’inauguration du tram-train Sarrebruck-Sarreguemines a représenté un symbole fort. Ce tram circule toujours, mais aujourd'hui son exploitant, la Saarbahn, s’étonne de l’augmentation du droit d’arrêt en gare. Cette taxe, perçue pour les 800 mètres effectués sur le territoire français, constitue un point de blocage. Pour l’instant, la réponse se trouve à Paris, puisque les lignes internationales sont du ressort de l’Etat. Or, l’Etat considère qu’il s’agit d’un problème local. Notre collectivité n’a pu intervenir que sur le plan relationnel pour obtenir des dérogations. En 2024, la Région s’est dite prête à assumer la compétence sur cette ligne et à prendre en charge une partie des charges. Il est important de pérenniser cette infrastructure pour que son fonctionnement ne soit pas remis en cause tous les trois ans.

Evoqué depuis vingt ans, le tram-train qui relierait Sarrebruck et l’ancien bassin houiller de l’est mosellan n’a toujours pas vu le jour…

Ce projet, qui consiste à faire circuler un tram-train sur d’anciennes lignes de fret existantes, revient régulièrement sur la table. La France est favorable à ce bel outil. L’Allemagne est plus réservée, compte tenu des coûts affichés, et il manque encore des éléments pour statuer sur l’alternative d’un bus à haut niveau de services. A Sarreguemines, nous constatons, parmi les frontaliers travaillant en Allemagne, une forte demande de zones de covoiturage. Celle que nous avons mise en place à hauteur de Hambach est constamment occupée et nous en prévoyons trois autres.

Quelles coopérations avez-vous engagées sur le plan environnemental ?

Nous avons mis en place  un assainissement transfrontalier englobant six communes allemandes du val de Blies, dont les thermes de Rilchingen-Hanweiler.  Le système, qui fonctionne par conventionnement, est très satisfaisant. En matière de lutte contre les inondations, Interreg nous a bien aidés, car nous n’avions pas les mêmes outils, ni les mêmes cartes. La situation était exactement le même de part et d’autre de la vallée de la Blies, mais le versant allemand était classé comme zone à risque d’inondation important, ce qui n’était pas le cas côté français.  Aujourd’hui, l’Etat français a reconnu ce risque et 10 EPCI, dont la Casc, ont intégré le Programme d’action de prévention des inondations de la Sarre en 2019. Toujours en matière d’environnement, nous traitons des déchets verts sarrois sur la plateforme Méthavos de Sarreguemines et expédions une partie de nos déchets ultimes pour une valorisation thermique en Sarre. Ces échanges sont intéressants, mais ils sont soumis à des réglementations strictes et coûteuses, car il faut verser des cautions pour chaque exportation de déchets.

Où voyez-vous encore des marges de progrès ?

En matière d’urbanisme, il faut améliorer la concertation. Les règles d’urbanisme et les niveaux de compétences ne sont pas les mêmes, mais il faudrait pouvoir confronter nos documents d’urbanisme et trouver une solution pour mieux faire passer l’information autour de nos projets.

En matière de santé, nous sommes sur la bonne voie. Le Covid a accéléré les choses, mais il faut encore trouver de nouveaux accords, notamment en matière de coopérations hospitalières. Le rapprochement associatif reste compliqué. Deux clubs de foot ont voulu fusionner, mais ils n’ont pas tenu un an tant il était difficile de faire coïncider les calendriers de championnat.

Globalement, constatez-vous une progression de la coopération ?

Oui, mais il faudrait faire mieux et plus vite. Parmi les avancées notables, nous avons été la première collectivité française à entrer au capital d’une société d’économie mixte allemande. Il a fallu une décision ministérielle française pour que nous puissions apporter des fonds aux Saarland Therme. Ce projet n’était pas sans risque, mais nous tenions à nous montrer solidaires de ce projet dont nous savions qu’il aurait des répercussions de notre côté de la frontière. Nous participons également au projet de crèche transfrontalière à Brebach, près de Sarrebruck. Les nombreuses difficultés que nous avons rencontrées illustrent les problèmes qui restent encore à régler. Le traité d’Aix-la-Chapelle est certes facilitateur, mais il ne règle pas tout. La coopération transfrontalière se joue sur le terrain.

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